Promotion et rayonnement de la langue française.

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Pour en finir avec le " au final " ...


« Tout le monde se dispute d’abord, mais au final… »,
Vous avez maintes fois entendu  cette dernière expression qui sans doute ne vous choque plus! Pourtant, cette expression est contestable et contestée.
            Cette expression récente, composée d’un article défini contracté masculin au  et d’un adjectif qualificatif «final » transformé en nom commun, jaillit fréquemment de toutes les lèvres journalistiques et politiques.

            Certes, le genre du mot a varié à travers les âges, (et semble vouloir encore varier) en fonction du nom qui accompagnait à l’origine cet adjectif. Le nom a alors souvent disparu par construction elliptique.
                        Ex : La partie terminale ou finale   donne    « la finale ».
                               Un retour ou un mouvement final d’une pièce de musique  donne  « le final ».
            Employé au Moyen Age dans le langage philosophique, la finale, au féminin, désignait un but à atteindre, une raison d’agir ou d’être, ce que l’on appelle une finalité. [ cf. la (cause) finale présentée par Aristote.]
C’est pourquoi le verbe finaliser ne peut signifier en bon français, finir ou achever…mais donner un but, une raison d’être à une chose, à un projet, à un effort ou à une démarche etc. Il convient plus justement s’il s’agit d’une cessation, d’un arrêt, tout simplement de dire : « finir, achever, parachever, parfaire, clore, terminer…)
Donc : « finaliser un texte de loi » signifie : donner une raison d’être à cette loi… !?

Ce terme final a été adopté au début du XVIII°s., sous l’influence de l’italien, dans le langage de la danse,  de la musique, pour désigner la dernière reprise puissante et solennelle du thème initial d’une pièce (sonate, fugue…). S’appliquant à un mouvement, le mot est depuis employé au masculin, pour ces domaines artistiques.
            Ex : L’Hymne à la Joie constitue le final de la 9° symphonie de Beethoven…
                               Le final de cette fugue reprend le thème ou le « sujet »dans les basses…
            Mais à la même époque, au féminin, le mot finale, en grammaire, désignait déjà le dernier élément d’un mot, d’un vers ou d’une phrase. (souvent pour désigner une partie finale ; donc = une finale, par construction elliptique populaire)
                        Ex :    - la marque du pluriel se place à la finale d’un mot  
                                               -L’accent tonique en français porte sur la (syllabe) finale du dernier terme d’un groupe de mots

 Le mot « finale » retrouve au XIX°s.,  dans les compétitions sportives, pour désigner la dernière partie, la dernière manche d’une « coupe », qui va « dé-terminer » le champion.
 Les derniers participants sont ainsi des finalistes : ils disputent la finale.
             
Alors, en bon français, à moins que vous teniez à faire partie des «happy few » pédants et « bobos », mieux vaudra dire au lieu de « au final », simplement :
« enfin, finalement, pour finir, pour terminer, en conclusion, en fin de compte… » 
et éviter un nouveau mélange des significations et des genres (ou « genders », en globish) dont on n’a pas voulu faire la théorie… mais l’histoire !