Promotion et rayonnement de la langue française.

Maintenir la qualité de notre langue, sans laxisme ni purisme.

Food trucks Pasta box

Food trucks 
Dans l’édition de  La Croix du 27 janvier (page 13), on retrouve un anglicisme qui, personnellement, m’écorche les oreilles même si la journaliste Elise Descamps met l’expression anglo-saxonne entre guillemets sans doute pour prendre ses distances, mais distances qu’elle n’aurait pas besoin de manifester si elle employait les mots français sans céder à la mode ambiante, et que, d’ailleurs, elle ne prend même plus dans le corps du texte : « Food truck » ! Et, bien sûr, toujours selon la théorie du carreau cassé (voir un de mes précédents courriels), d’autres anglicismes suivent dans vergogne : « snack » ou « pasta box » (avec ou sans guillemets mais de toute façon, monsieur Guillemet, qui inventa ces signes de ponctuation, doit se retourner dans sa tombe devant une telle utilisation).
 Il est tout de même affligeant que, dans le pays de la gastronomie (pardon, du « fooding »), on se laisse aller à de tels anglicismes de pacotille. Est-il si difficile de parler de camion restaurant (et pas seulement de restauration rapide comme le traduit la journaliste dans l’article car certains de ces camions de restauration proposent déjà des plats élaborés) - que d’ailleurs, soit-dit en passant, les anglo-saxons désigneront plutôt par « catering van » -  ou de grignotage à la place de « Snack », voire de boîte à pâtes au lieu de « pasta box », etc.
 Ah oui, je vous vois venir : « food truck » est plus court que camion restaurant, ou « snack » plus rapide à dire que grignotage,… Ah, évidemment, si vous êtes à un centième de seconde près… Et puis si ça vous épuise de dire camion restaurant à la place de « food truck » ou grignotage à la place de « snack », je comprends bien… Remarquez que je connais des gens qui le font et aucun, à ma connaissance, n’est encore mort d’épuisement…
 Merci de transmettre ce courriel (et non ce “mail”) à qui de droit,
 Avec mes amicales salutations,
 Alain Sulmon

Dur-à-cuire


                           Pour les durs-à-cuire, Pas pour les coquins !

C’est toujours avec grand plaisir que je viens vous rejoindre pour partager un des secrets que l’on a su me faire découvrir « du temps que j’étais jeune »… Mais il n’est pas certain que je sache vraiment vous faire goûter une part des trésors de notre belle langue et de son histoire, belle mais qui exige mille précautions pour être approchée, pénétrée. Mais vous avez un corps professoral qui ne demandera pas mieux à petit feu, que de rendre ces articles moins « indigestes », moins durs ou moins coriaces, mais sans les édulcorer, les ramollir…

Toutes les voix du monde (2)


   En français, toutes les voix du monde (2)

Après le continent américain, tournons-nous maintenant vers l’Asie, et plus précisément pour ce qui concerne le présent article vers l’Extrême-Orient (le Proche-Orient donneront lieu à un autre article). Pourrait-il vraiment y avoir dans ces vastes régions du monde où le français n’est pas une langue officielle, ni même une langue vernaculaire, des écrivains de langue française ? Il en est beaucoup !
Nous avons vu dans un article précédent que le premier écrivain d’origine chinoise, Gao Xingjiang, à obtenir le Prix Nobel en 2000, était passé par la langue française, et c’est bien sûr un grand honneur pour notre culture que d’avoir été le vecteur de l’éclosion et de la reconnaissance de son talent. Dans son discours de réception du Prix Nobel, Gao Xingjiang compare les langues chinoise et française : « Les structures des deux langues sont tellement différentes. La phrase chinoise est très hachée. Quatre mots suffisent amplement à faire une phrase. … En français, les phrases sont tellement longues et enchaînées. La musicalité de la  langue dépend beaucoup de cet enchaînement syllabique, des allitérations, tandis qu’en chinois c’est une question de tonalité. Il n’y a guère de correspondance ». Imagine-t-on un auteur français obtenir le prix Nobel grâce à ses écrits en chinois ? Mais, penserez-vous, peut-être s’agit-il d’un cas isolé ? Eh bien, certainement pas : le chinois d’origine François Cheng (naturalisé français en 1971) a été élu à l’académie française en 2003 «  le français comporte une exigence de cohérence, de précision et de nuance qui m’a permis de clarifier et d’affiner ma pensée ». (Le Dialogue. Une passion pour la langue française). Citons encore Dai Sijie (Trois vies chinoises) qui déclare écrire en français car « c’est simplement la meilleure langue pour écrire des histoires ». Et il est bien d’autres auteurs : Dong Qiang qui a reçu en 2013 le Grande Médaille de la Francophonie par l’Académie Française, Chen Jitong, les romancières Ying Chen (Un enfant à ma porte paru aux éditions du Seuil) et Shan Sa (Le joueur de go chez Grasset), etc.
De même, un autre grand pays de l’Extrême-Orient pourtant apparemment bien éloigné géographiquement et culturellement de notre littérature, le Japon, apporte aussi sa contribution à la fécondité à la langue française dans le monde grâce un certain nombre d’écrivains : Ainsi Aki Shimasaki (Zakuro paru chez Actes Sud) : « j’ai été fascinée par la langue française à travers Agota Kristof (ndlr : romancière hongroise qui a écrit ses romans en français et qui vécut longtemps à Neuchâtel en Suisse), par son style si simple et si limpide, alors j’ai décidé d’écrire directement en français » ; ou encore Akira Mizubayashi, qui enseigne le français à l'université de Tokyo et rédige ses livres en français, dont Une langue venue d'ailleurs (chez Gallimard). Il vient juste de publier Un amour de mille ans (Gallimard) : « Sen-nen, de son côté, parla à Mathilde de sa passion pour le français qu'il s'efforçait de maîtriser, mais aussi pour certains monuments littéraires que cette langue avait produits. Le français était pour lui la langue de l'amitié et de l'épanchement alors que la langue qui se parlait en lui était la langue de la retenue, de la soumission, du respect imposé. L'effort d'appropriation du français était donc un affranchissement, une expérience de la liberté qui lui permettait de vivre autrement son rapport à l'autre, au monde, de s'arracher au moule de sa langue et des codes culturels qu'elle véhiculait. Le français, concluait-il, était un instrument de musique qu'il voulait faire chanter. » Citons encore Junji Fuseya, Ninomiya Masayuki, Hisahi Okuyamo, etc.
Sans nous attarder sur d’autres pays de l‘Asie lointaine, mentionnons également les écrivains indiens Kichennemasamy Madavane ou la romancière Shumona Sinha qui déclare que son pays n’est ni l’Inde, ni la France, mais la langue française. On peut également évoquer les écrivaines d’origine coréenne Laure Mi Hyun Crozet et tibétaine Tenzin Wangmo qui vivent actuellement toutes les deux en Suisse.
Et on ne peut cependant pas clore cet article sans parler des écrivains vietnamiens qui représentent un cas particulier puisqu’ils ont été en contact avec le français par la voie de la colonisation : Phan Van Ky (grand Prix de l’Académie Française en 1961 pour Perdre la demeure), Linda Lê (Prix Renaudot du livre de poche en 2011 pour A l’enfant que je n’aurai pas), Nguyêng Xûan Hùng, Sabine Huynh, etc. Couronnée en 2017 du prix Littérature-Monde à Saint Malo, Anna Moï s’était insurgée dès 2005 contre la distinction entre « écrivains français » et « écrivains francophones » ; interrogée récemment par un journaliste sur son choix d’écrire dans notre langue alors qu’elle est polyglotte : « Pourquoi écrivez-vous dans la langue du colonisateur ? », elle apporte une réponse cinglante : « Je n’écris pas dans la langue du colonisateur, j’écris en français ! ».
A la fin de ce second article, nous commençons sans doute à mieux apercevoir la réalité de la francophonie mondiale. Comme nous le dit Lydie moudileno, professeur de littérature française à l’université américaine de Berkeley : « Nous avons sauvé l’étude de la littérature française dans les universités américaines grâce à la littérature francophone qui, pour nous, raconte le monde ». Cette littérature francophone du monde prend encore une autre ampleur au Proche-Orient, où l’on pourrait peut-être même parler d’une « francophonie latente » ; elle fera l’objet de notre troisième et prochain article.

Alain SULMON
Délégation du Gard
 Publié sur Site DLF GARD  le 3/12/17  
 Publié sur la revue DLF N° 266 4° trim 2017




Bizarreries sémantiques du français

1° Propositions d’Alain Sulmon
· Le plus long mot palindrome de la langue française est « ressasser ». C'est-à-dire qu’il se lit dans les deux sens.
· « Institutionnalisation » est le plus long lipogramme en « e ». C'est-à-dire qu'il ne comporte aucun « e ».
· L'anagramme de « guérison » est « soigneur » C'est-à-dire que le mot comprend les mêmes lettres.
· « Endolori » est l'anagramme de son antonyme « indolore », ce qui est paradoxal.
· « Squelette » est le seul mot masculin qui se finit en « ette ».
· « Où » est le seul mot contenant un « u » avec un accent grave. Il a aussi une touche de clavier à lui tout seul !
· Le mot « simple » ne rime avec aucun autre mot. Tout comme « triomphe », « quatorze », « quinze », « pauvre », « meurtre , « monstre », « belge », « goinfre » ou « larve ».
· « Oiseaux » est, avec 7 lettres, le plus long mot dont on ne prononce aucune des lettres : [o], [i], [s], [e], [a], [u], [x] .
. « oiseau » est aussi le plus petit mot de langue française contenant toutes les voyelles.

2° Supplément proposé par Bernard Legrand (décembre 2017)
Le plus long mot palindrome de la langue française est « ressasser ».  C'est-à-dire qu'il se lit dans les deux sens.

 
« Institutionnalisation » est le plus long lipogramme en « e ».  C'est-à-dire qu'il ne comporte aucun « e ». 
 
« Délice », « amour » et « orgue » ont la particularité d'être de genre masculin et deviennent féminin à la forme plurielle. Toutefois, peu sont ceux qui acceptent l'amour au pluriel. C'est ainsi ! 


Le sexe des mots

           Le Sexe des mots ou l’orthographe prétendument inclusive 

Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges. Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots.

La querelle actuelle découle de ce fait très simple qu’il n’existe pas en français de genre neutre comme en possèdent le grec, le latin et l’allemand. D’où ce résultat que, chez nous, quantité de noms, de fonctions, métiers et titres, sémantiquement neutres, sont grammaticalement féminins ou masculins. Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme.

Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire. Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille.

De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ?

Absurde!

Ces féminins et masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels.

Certains mots sont précédés d’articles féminins ou masculins sans que ces genres impliquent que les qualités, charges ou talents correspondants appartiennent à un sexe plutôt qu’à l’autre. On dit: « Madame de Sévigné est un grand écrivain » et « Rémy de Goumont est une plume brillante ». On dit le garde des Sceaux, même quand c’est une femme, et la sentinelle, qui est presque toujours un homme.

Tous ces termes sont, je le répète, sémantiquement neutres. Accoler à un substantif un article d’un genre opposé au sien ne le fait pas changer de sexe. Ce n’est qu’une banale faute d’accord et de goût.

Certains substantifs se féminisent tout naturellement: une pianiste, avocate, chanteuse, directrice, actrice, papesse, doctoresse. Mais une dame ministresse, proviseuse, médecine, gardienne des Sceaux, officière ou commandeuse de la Légion d’Honneur contrevient soit à la clarté, soit à l’esthétique, sans que remarquer cet inconvénient puisse être imputé à l’antiféminisme. Un ambassadeur est un ambassadeur, même quand c’est une femme. Il est aussi une excellence, même quand c’est un homme. L’usage est le maître suprême.

Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu’accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l’opportunisme des politiques. L’Etat n’a aucune légitimité pour décider du vocabulaire et de la grammaire. Il tombe en outre dans l’abus de pouvoir quand il utilise l’école publique pour imposer ses oukases langagiers à tout une jeunesse.

J’ai entendu objecter: « Vaugelas, au XVIIe siècle, n’a-t-il pas édicté des normes dans ses remarques sur la langue française ? ». Certes. Mais Vaugelas n’était pas ministre. Ce n’était qu’un auteur, dont chacun était libre de suivre ou non les avis. Il n’avait pas les moyens d’imposer ses lubies aux enfants. Il n’était pas Richelieu, lequel n’a jamais tranché personnellement de questions de langues.

Si notre gouvernement veut servir le français, il ferait mieux de veiller d’abord à ce qu’on l’enseigne en classe, ensuite à ce que l’audiovisuel public, placé sous sa coupe, n’accumule pas à longueur de soirées les faux sens, solécismes, impropriétés, barbarismes et cuirs qui, pénétrant dans le crâne des gosses, achèvent de rendre impossible la tâche des enseignants. La société française a progressé vers l’égalité des sexes dans tous les métiers, sauf le métier politique. Les coupables de cette honte croient s’amnistier (ils en ont l’habitude) en torturant la grammaire.

Ils ont trouvé le sésame démagogique de cette opération magique: faire avancer le féminin faute d’avoir fait avancer les femmes


  Jean-François Revel (Le Point 11/07/1998 modifié le 25.01/2007)

        Publié sur le site DLF-GARD le 2/12/2017




Vive les vacances


     Vive les vacances

      Quand les vacances rejoignent l’école… ! Vous avez bien retenu que ? dans l’Antiquité, l’école s’offrait comme un temps réservé à une activité de loisir, donc sans obligation de « travail » physique pénible, comme un temps où l’on s’adonnait aux jeux de l’esprit…Vous en êtes désormais bien convaincus, de par votre longue expérience à l’Institut ! Alors, on peut rester sur la lancée et parler des vacances… La racine latine du mot nous renvoie à un adjectif vacuus qui signifie vide, pour une chose, un bien, un lieu, par conséquent signifie inoccupé, libre. Le verbe qui en dérive, (vaco, vacare) reprend ces significations dans le verbe vaquer, qui curieusement va signifier deux choses contradictoires !!! :
1-      être vacant, être libre, sans occupant ou sans occupation (donc ne rien faire).
2-      vaquer à ses occupations… (donc faire quelque chose) !

      1 - Le participe présent vacant  vous est sans doute déjà connu. Il y a vacance (au singulier) lorsqu’un poste n’est pas ou n’est plus pourvu d’un titulaire : le poste est dit vacant. L’Histoire de France évoque par exemple la question de la Vacance des évêchés, période qui s’étendait de la mort ou du départ de l’évêque titulaire du siège (cathèdre) jusqu’à la nomination du successeur. Durant cette période, le roi de France percevait les revenus de l’évêché, façon de hâter la nomination du successeur par le pape à Rome, mais successeur d’abord choisi et imposé par le roi de France !... Cela s’applique encore à l’absence de titulaires nommés à des postes importants de l’administration. Or pendant ce temps, il n’y a pas d’activités relevant de la compétence du titulaire…La vacance implique donc une période où le travail n’est pas effectué : c’est une période sans travail.
           
      Par extension, on parlera de vacance pour désigner la cessation temporaire de tout travail… et le terme deviendra vite synonyme de congé. Il y aura des « jours de vacance » comme des « jours de congé ». Mais que c’est long à dire ! Au lieu de dire les jours de vacance, on dira « les vavances », comme « les congés ». Les vacances recevront désormais les honneurs du pluriel et désigneront une période vide de travail…Si bien que pendant longtemps on écrira : « vivent les vacances !», sous entendu « que vivent les vacances !», qu’elles ne meurent jamais ! Car il s’agit d’un souhait exprimé au subjonctif pluriel. L’orthographe populaire a fini par imposer le singulier dans ce genre de souhait, davantage perçu comme un cri traduisant de l’enthousiasme. Vous écrirez donc « Vive les vacances !»… ce n’est plus une faute.

     2 – Alors, pourquoi dit-on « vaquer à ses occupations » si la vacance signifie … absence d’occupations !? Tout simplement parce que si vous « vaquez », donc que vous n’êtes pas obligés de faire votre travail habituel, pendant cette période « vide » de vos obligations ordinaires, vous pouvez vous consacrer à vos propres occupations… de loisir éventuellement.

      Sur ce, avant que vous reveniez ‘plancher’, (mais sans voiles), on souhaite que vos prochaines vacances se vivent pour tous dans la joie, le repos, le loisir, sans oublier l’exceptionnel bonheur de faire plaisir autour de soi…


                                                                                                                                 Yves Barrême

Pléonasme





Le pléonasme.

( du grec pleonasmos = surabondance, excès, exagération)
             Et comme l’excès en tout est un défaut…nous dit un dicton populaire…

            Savez-vous que c’est d’abord une figure de style, courante au niveau du langage populaire. Elle consiste à intensifier  ou à renforcer la portée d’un mot en lui adjoignant  ou en lui ajoutant, si vous préférez, un autre terme de sens très voisin. Il s’agit d’une construction « redondante », proche de la répétition ou du redoublement, qui cherche à souligner la valeur de ce que l’on dit. C’est la démarche à laquelle on assiste lorsque la plupart de nos contemporains français s’expriment en ajoutant « super », « hyper »…pour attirer l’attention sur ce qu’ils racontent et qui, bien sûr, ne saurait être banal… pardi !
       Ex : Julot rentre de vacances avec des chaussures neuves ; il les montre à ses copains qui ne sont guère éblouis…Bof ! Alors, Julot rajoute : « ces pompes sont hyper-chères ! Elles sont super-belles !»
Inévitablement les yeux des copains s’écarquillent d’admiration répondant à l’effet désiré par Julot qui eût pu dire simplement : elles sont chères…ou ont coûté cher ; elles sont (très) belles.
            Cette attitude se retrouve dans des pléonasmes courants, le plus souvent « vicieux » comme dans « je monte en haut »… « Vous devez prévoir à l’avance… »
Vicieuses sont ces figures de style, tout simplement parce que le second terme n’ajoute absolument rien à ce que contenait le premier terme comme pour « monter » qui implique déjà un mouvement vers le haut...
Tous les pléonasmes ne sont pas fautifs ou vicieux ; « il est resté enfermé dans la voiture » est acceptable, différent  de « il s’est enfermé dedans » : cette dernière construction porte un vice, puisque dedans n’ajoute rien à enfermé.
Figurez-vous que certains pléonasmes sont entrés dans des expressions courantes, toutes faites, comme « aujourd’hui ».Nos aïeux, mauvais élèves, y avaient perdu leur latin : ils ne savaient plus que le mot « hui » venait du latin hoc + die, ce qui signifie « ce + jour »… Dormaient-ils à l’école ?...où « séchaient »-ils déjà les cours ?
En tout cas, ils éprouvèrent le besoin de préciser leur pensée en ajoutant « au jour » d’(e) ce jour » (pléonasme!!) qui a donné « aujourd’hui »
            Ce terme est entré dans notre langue et ne pèse plus comme pléonasme vicieux ou vicié. Soit !
Mais curieusement, à notre époque où l’étude de la langue française est « généralisée »…, on entend de plus en plus prononcer une expression fort discutable : « aux jours d’aujourd’hui ». Ce n’est plus un pléonasme, mais une rafale de pléonasmes qui ressemble un peu au chien qui court après sa queue…Certes, aujourd’hui signifie aussi maintenant, actuellement, de nos jours.  Mais pourquoi ne pas chercher à gagner en beauté de style, en légèreté, par le recours à cette dernière expression, « de nos jours », simple et plus élégante ? A moins qu’un ministre  vous suggère de dire nowadays…que tout le monde comprendra mieux, c’est certain

Yves BARRÊME.



à la queue leu leu




Chaîne que l’on forme en dansant, lors d’un bien long repas de noces, bien  arrosé, comme pour réveiller une ambiance qui tendrait à s’assoupir.
Si l’expression leu leu fait un peu nian nian, elle s’éclaire cependant un peu par son histoire.
Le  deuxième mot leu est tout simplement une forme ancienne du mot loup. (du latin lupus). (cf. Saint-Leu-La-Forêt, en région parisienne.) L’expression a d’abord été le leu, (= le loup) dans à la queue le leu, par comparaison aux loups en meutes, qui se déplacent en file indienne, la tête de l’un se trouvant derrière la queue de l’autre : à la queue le loup. 

Le langage populaire a tendance à réduire les nuances sonores au même « dénominateur ». De ce fait, on n’a plus distingué le de leu, (comme on doit le faire pour un œuf, des œufs). Par exemple, aujourd’hui, dans le Midi, on ne distingue plus mes de mais… (Dit  ou écrit sans intention moqueuse ou méprisante à l’égard des Méridionaux !) et en région parisienne, on ne distingue plus guère en, an et on. Il n’est qu’à écouter les présentateurs de nos chaînes télévisées : « ils travaillent en Fronce avec paronts et onfonts » Ca fait bien… ! mais plutôt un peu « cul-cul ».


Yves Barrême Juillet 2017