Promotion et rayonnement de la langue française.

Maintenir la qualité de notre langue, sans laxisme ni purisme.

Pléonasme





Le pléonasme.

( du grec pleonasmos = surabondance, excès, exagération)
             Et comme l’excès en tout est un défaut…nous dit un dicton populaire…

            Savez-vous que c’est d’abord une figure de style, courante au niveau du langage populaire. Elle consiste à intensifier  ou à renforcer la portée d’un mot en lui adjoignant  ou en lui ajoutant, si vous préférez, un autre terme de sens très voisin. Il s’agit d’une construction « redondante », proche de la répétition ou du redoublement, qui cherche à souligner la valeur de ce que l’on dit. C’est la démarche à laquelle on assiste lorsque la plupart de nos contemporains français s’expriment en ajoutant « super », « hyper »…pour attirer l’attention sur ce qu’ils racontent et qui, bien sûr, ne saurait être banal… pardi !
       Ex : Julot rentre de vacances avec des chaussures neuves ; il les montre à ses copains qui ne sont guère éblouis…Bof ! Alors, Julot rajoute : « ces pompes sont hyper-chères ! Elles sont super-belles !»
Inévitablement les yeux des copains s’écarquillent d’admiration répondant à l’effet désiré par Julot qui eût pu dire simplement : elles sont chères…ou ont coûté cher ; elles sont (très) belles.
            Cette attitude se retrouve dans des pléonasmes courants, le plus souvent « vicieux » comme dans « je monte en haut »… « Vous devez prévoir à l’avance… »
Vicieuses sont ces figures de style, tout simplement parce que le second terme n’ajoute absolument rien à ce que contenait le premier terme comme pour « monter » qui implique déjà un mouvement vers le haut...
Tous les pléonasmes ne sont pas fautifs ou vicieux ; « il est resté enfermé dans la voiture » est acceptable, différent  de « il s’est enfermé dedans » : cette dernière construction porte un vice, puisque dedans n’ajoute rien à enfermé.
Figurez-vous que certains pléonasmes sont entrés dans des expressions courantes, toutes faites, comme « aujourd’hui ».Nos aïeux, mauvais élèves, y avaient perdu leur latin : ils ne savaient plus que le mot « hui » venait du latin hoc + die, ce qui signifie « ce + jour »… Dormaient-ils à l’école ?...où « séchaient »-ils déjà les cours ?
En tout cas, ils éprouvèrent le besoin de préciser leur pensée en ajoutant « au jour » d’(e) ce jour » (pléonasme!!) qui a donné « aujourd’hui »
            Ce terme est entré dans notre langue et ne pèse plus comme pléonasme vicieux ou vicié. Soit !
Mais curieusement, à notre époque où l’étude de la langue française est « généralisée »…, on entend de plus en plus prononcer une expression fort discutable : « aux jours d’aujourd’hui ». Ce n’est plus un pléonasme, mais une rafale de pléonasmes qui ressemble un peu au chien qui court après sa queue…Certes, aujourd’hui signifie aussi maintenant, actuellement, de nos jours.  Mais pourquoi ne pas chercher à gagner en beauté de style, en légèreté, par le recours à cette dernière expression, « de nos jours », simple et plus élégante ? A moins qu’un ministre  vous suggère de dire nowadays…que tout le monde comprendra mieux, c’est certain

Yves BARRÊME.