Vive les vacances
Quand
les vacances rejoignent l’école… ! Vous
avez bien retenu que ? dans l’Antiquité, l’école s’offrait comme un temps
réservé à une activité de loisir,
donc sans obligation de « travail » physique pénible, comme un temps
où l’on s’adonnait aux jeux de
l’esprit…Vous en êtes désormais bien convaincus, de par votre longue expérience
à l’Institut ! Alors, on peut rester sur la lancée et parler des vacances… La racine latine du mot nous
renvoie à un adjectif vacuus qui
signifie vide, pour une chose, un
bien, un lieu, par conséquent signifie inoccupé,
libre. Le verbe qui en dérive, (vaco, vacare) reprend ces significations
dans le verbe vaquer, qui
curieusement va signifier deux choses contradictoires !!! :
1-
être vacant,
être libre, sans occupant ou sans occupation (donc ne rien faire).
2-
vaquer à ses
occupations… (donc faire quelque chose) !
1 - Le participe présent vacant vous est sans doute déjà connu. Il y a vacance (au singulier) lorsqu’un poste
n’est pas ou n’est plus pourvu d’un titulaire : le poste est dit vacant. L’Histoire de France évoque par
exemple la question de la Vacance des évêchés, période qui s’étendait de
la mort ou du départ de l’évêque titulaire du siège (cathèdre) jusqu’à la
nomination du successeur. Durant cette période, le roi de France percevait les
revenus de l’évêché, façon de hâter la nomination du successeur par le pape à Rome,
mais successeur d’abord choisi et imposé par le roi de France !... Cela s’applique
encore à l’absence de titulaires nommés à des postes importants de
l’administration. Or pendant ce temps, il n’y a pas d’activités relevant de la
compétence du titulaire…La vacance
implique donc une période où le travail
n’est pas effectué : c’est une période sans travail.
Par
extension, on parlera de vacance pour
désigner la cessation temporaire de tout travail… et le terme deviendra vite
synonyme de congé. Il y aura des
« jours de vacance » comme
des « jours de congé ». Mais
que c’est long à dire ! Au lieu de dire les jours de vacance, on dira « les vavances »,
comme « les congés ». Les vacances recevront désormais les
honneurs du pluriel et désigneront une période vide de travail…Si bien que pendant longtemps on écrira :
« vivent les vacances !», sous entendu « que vivent les vacances !», qu’elles
ne meurent jamais ! Car il s’agit d’un souhait exprimé au
subjonctif pluriel. L’orthographe populaire a fini par imposer le singulier
dans ce genre de souhait, davantage perçu comme un cri traduisant de
l’enthousiasme. Vous écrirez donc « Vive les vacances !»… ce
n’est plus une faute.
2 – Alors,
pourquoi dit-on « vaquer à ses
occupations » si la vacance
signifie … absence d’occupations !? Tout simplement parce que si vous « vaquez », donc que vous
n’êtes pas obligés de faire votre travail habituel, pendant cette période
« vide » de vos obligations
ordinaires, vous pouvez vous consacrer à vos propres occupations… de loisir éventuellement.
Sur ce, avant
que vous reveniez ‘plancher’, (mais sans voiles), on souhaite que vos
prochaines vacances se vivent pour tous dans la joie, le
repos, le loisir, sans oublier l’exceptionnel bonheur de faire plaisir autour
de soi…
Yves Barrême