Promotion et rayonnement de la langue française.

Maintenir la qualité de notre langue, sans laxisme ni purisme.

MARIANNE


De : Alain Sulmon [mailto:alain.sulmon@gmail.com]
Envoyé : dimanche 11 mars 2018 14:45
À : '
lecteurs@journal-marianne.com'
Objet : Mon désabonnement à "Marianne"

Bonjour,

Je viens de prendre la décision de ma désabonner de « Marianne » Je voulais tout de même m’en expliquer auprès de votre hebdomadaire pour que, sait-on jamais, cela puisse servir à quelques chose

Tout d’abord, si je me suis abonné, c’est pour défendre la liberté d’expression et soutenir un hebdomadaire dont je savais qu’il était en difficulté. C’était ma manière de contribuer au pluralisme de la presse écrite. Je suis abonné à plusieurs journaux et revues comme La Croix, Valeurs Actuelles, Historia, … donc avec une volonté de pluralisme et de croisement des idées et des convictions. J’ai toujours apprécié Marianne pour la qualité de ses analyses… même si j’étais loin de toujours les partager. Et comme j’appréciais, par exemple, les chroniques de Jacques Julliard !

Alors pourquoi me désabonner ? La réponse est simple et attristante : je ne me suis pas abonné à un organe de la presse écrite pour lire des articles écrits dans le style consternant des réseaux sociaux. Que d’anglicismes, à commencer par votre proposition de la version digitale qui ne respecte même pas la langue française (un écran digital est un écran tactile, le terme digital – ce qui est relatif au doigt - est un anglicisme mal traduit et, en français, on devrait parler de version numérique) ! Entre les punchlines (dont je suis obligé de deviner le sens et que je ne comprends pas spontanément), les fashion weeks , les fake news, etc. vos articles sont truffés d’un vocabulaire, et donc d’une pensée, « calés » sur l’anglo-saxon. Ce n’est pas seulement la faute de goût qui en est condamnable, ce n’est pas seulement non plus la pauvreté sémantique et stylistique qu’ils manifestent, ce n’est pas uniquement  l’alignement sur un mode d’expression lié à une colonisation culturelle (coolonisation ? ), ce n’est non plus pas la seule soumission à un sabir atlantique pourtant en contradiction avec le concept même de « Marianne », qui sont à rejeter. In fine, pourquoi s’abonner à un organe de la presse écrite si c’est pour y retrouver la même pauvreté d’expression que celle des réseaux sociaux ?

Si l’on veut que « Marianne » vive, c’est le contraire qu’il faudrait faire : exiger des journalistes une langue recherchée, élaborée, indépendante : qui sont vos lecteurs ? Pas ceux qui écument les articles trash sur Facebook ou les forums en vogue. En tout cas, je ne peux pas, en ne me désabonnant pas, continuer de cautionner une expression déliquescente et mortifère. Je suis convaincu qu’en continuant dans cette voie (cette voix ?), votre lectorat se réduira comme peau de chagrin, sauf peut-être si vous avez l’intention  de devenir un magazine people parmi d’autres en vous adressant à un public différent (mais peu amateur de presse écrite).

Avec mes meilleures salutations (et pas mes best regards) er avec mes regrets sincères,

Alain Sulmon